Ze pitch & Omar

Mon(notre) blog perso.Non j'ai rien d'autre à dire là dessus( à part que Ze pitch est une graaaaande feignasse...voyez par vous-même!)

27.11.05

Mercredi matin, consultation du CHU de Casablanca.
Arrive le residant. Un garçon trés sympathique. Aprés les salamaleks il me lance un trés direct:

- Qu'est ce que tu comptes faire aprés? comme spécialité?

- Je sais pas encore...

- Ben en tout cas, quoi que tu comptes faire aprés, ne reste pas ici fils. Casses toi en France dés que t'en auras l'occasion. Ici c'est la merde. Je sais ce que disent les parents :"reste, fait l'internat...". Ne les ecoute pas. J'ai fait cette connerie, et je me suis rendu compte que c'etait vraiment le bordel ici. La situation se degrade continuellement depuis les années 90. Je sais meme pas ce que va devenir ce service dans 2 semaines. On est mal pris en charge. On l'a toujours ete meme quand les profs étaient la. On travaille avec un materiel de merde et avec ça on est obligés de faire de l'auto-aprentissage sur le dos des patients. En même temps si on n'était pas la, qui les soignerait ces pauvres bougres. Regardes fils. Les residants font tourner l'hopital, mal payés aucun avantage social. Et surtout plus de respect du medecin de la part du personnel, des infirmiers, des malades. Moi aussi je vais essayer de me casser d'ici. Ils vont sans doute trouver quelqu'un d'autre pour soigner tout le monde. Mais toi franchement casses toi tant que tu le peux. Si tu as des amis qui hésitent encore, convaincs les et pars avec eux. Et aprés (grosse hésitation) ... Ben aprés tu verras bien si tu peux revenir. Mais ici c'est trop difficile de se battre. J'ai pas envie que d'autres fassent la même erreur que moi. Ghir casses toi...

Et aprés ça il est parti.

6.11.05

Ses cheveux sont devenus clairsemés. La peau de son visage est maintenant toute flétrie. Le contact de ses mains est repoussant tellement elles sont calleuses. Il est deshydraté, c'est normal. Son teint est devenu plus brun qu'avant.

Avant. Un temps ou le vin coulait à flot. Dont il ne parle qu'en citant les grands des années 70, les généraux, les hommes d'affaires, ses femmes. Femmes dont il aime toujours être entouré, comme tout beau gosse qui se respecte, comme maintenant. Par ses soeurs, ses niéces, son infirmiere.

Mais son regard n'est plus aussi clair. Meme entouré et soutenu par des femmes. Il s'endort momentanement. Se reveille. Revient à sa logorrhée. Son doux delire. Nous raconte ce qu'il va faire quand il ira mieux. Qu'il compte deja se remettre au sport. Faire du footing sur la corniche. Lui qui n'a jamais été sportif.

Non, avant, il enchainait les cigares. Les grands, bien longs, et qui venaient de cuba. Et il les enchainait au meme rythme qu'il devorait la vie, à pleine dent, et de preference bien entouré. Du temps ou l'argent coulait à flots, accompagné de son cortége de courtisans bienveillants.

Maintenant il ne lui reste plus que ses histoires. Bien longues, bien épicées, comme ses fameux cigares. Et il ne se lasse pas de les raconter à tous, pour laisser un souvenir. Car lui n'a rien oublié, ni personne. Même s'il n'a plus toute sa tête, il se rappelle de toute sa famille, et il ne cesse pas de tous les reclamer, pour leur raconter sa vie.

Cette vie qui ne lui a laissé que 2 choses. Sa famille, et son mal qui le ronge. Et elle est en train de le quitter lentement, meme s'il ne veut pas le montrer. Meme s'il ne veut pas y croire. Mais il partira bientot. Bien trop tot.