Merci Manal, tu m'as rappelé un sujet à propos duquel je voulais (et je devais) écrire un post.
Pour ce qui est de la faculté et du CHU de Casablanca, ce sont beaucoup (la plupart) des professeurs qui sont partis. Dans certains service la situation est catastrophique.
Par exemple le service de P2 ne compte plus que 2 professeurs titulaires, la chef de service Pr Dehbi, et la directrice de l'hopital Pr Slaoui (qui ne passe donc pas beaucoup de temps au service à cause de ses fonctions), ainsi qu'un professeur assistant. Une partie du personnel infirmier a également beneficié des departs volontaires. Résultat: La moitié du service est tout simplement fermée. Ce sont presque une trentaine de lits non utilisés. En contre partie, les étudiants n'ont plus assez de malades pour apprendre leur boulot (40 étudiants pour une vingtaine de lits quand même) et pas assez de professeurs pour faire l'enseignement. La situation sera même pire le mois prochain, à cause de la participation du chef de service à un congrés international.
Au service de radiologie, ce sont 2 grands professeurs qui ont quitté leur poste (particulierement le Pr El Ksiar). D'aprés les statistiques du service, ceux ci faisaient 1600 examens échographiques par an à eux 2 l'année derniére, soit la quasi totalité des 2000 échographies réalisées. Ca m'étonnerait trés fort que le professeur restant assure le travail des partants...
Certains services ont même mis la clé sous la porte. Comme l'aile 2 service de chirurgie génerale. Mais bon ce n'est pas une perte. Ce service n'était plus que l'ombre de lui meme depuis le depart de l'excellent professeur Moumen l'année derniere. L'enseignement n'était plus assuré correctement...
Les anecdotes de ce genre abondent. La crise est bel et bien la. Les professeurs qui sont partis sont non seulement parmis les plus compétents mais également parmi les plus réspectés par les etudiants. De plus, en reduisant le nombre de medecins, ceux qui restent sont encore plus mis sous pression pour assurer leurs obligations envers le malade et l'étudiant. Malheureusement la plupart du temps c'est l'étudiant qui souffre, et pour cela je ne blame ni les professeurs qui sont partis ni ceux qui sont réstés.
Ce dont nous subissons les conséquences, c'est le programme de restructuration fiscale du FMI. Depuis les années 80 les institutions internationales peuvent dicter sa conduite a suivre à l'etat marocain. Avant cela on a eu les baisses de budget du CHU, maintenant c'est notre patrimoine scientifique qui est bradé. Pourtant c'est connu, pour une bonne médecine, comme pour l'éducation d'ailleurs, il n'y a pas de secret, il faut investir. Encore et encore. A l'image de Cuba, pays communiste qui commence à se faire connaitre pour la qualité de ses soins medicaux (il n'y a qu'à voir leurs indicateurs de developpement, et
lire cet excellent article).
Nous subissons les dogmes économiques du FMI et de la Banque Mondiale. Au Maroc on gére l'état comme on gererait une entreprise. Les departs volontaires, l'état appelle ca allegement de la masse salariale. Et comme dans toute entreprise digne de ce nom, quand on se debarasse d'employés indesirables, on n'enchaine pas en embauchant à tour de bras. Je suis peut etre un peut trop pessimiste, mais il ne faut pas croire que tout cela va ouvrir les portes au jeunes. Pour preuve, la promotion qui n'a pas eu droit à l'internat. Ou encore l'institution du benevolat pour les residants à partir de cette année ( 2000 DH de salaire par mois, et ils devraient s'estimer heureux d'aprés notre ministre de la santé). Et aussi le nombre d'admis en médecine cette année (275 au lieu des 300 et quelques habituels).
Cette politique va nous entrainer dans une voie descendante. Et ne me parlez pas d'AMO. C'est notre Arlésienne à nous. Elle était sensée entrer en fonction l'année derniére déja. Et pour ceux qui croient que ça reglera le moindre probleme pour qui que ce soit, vous n'avez qu'à lire le projet de loi. Seulement 30% de la population couverte (soit celle qui est deja couverte + les indigents) à hauteur de 50% de leur depenses médicales, et seulement s'ils font appels aux services d'un centre affilié à l'état (Hopital ou polyclinique de la CNSS; je vais poster des liens sur des articles des que possible.)
Voila je crois que je n'ai rien oublié. Les solutions? Il y en a. Militez. Investissez vous dans des projets de developpement. Faites en sorte que l'état remarque la presence du peuple d'en bas et lui demande son avis.